Mettre en place une démarche intégrative d’amélioration de la QVT dans le secteur social et médico-social : retour sur expérience de l’ALSEA

18 Juin, 2019
témoignage covid 19 EHPAD

anactblocmarque2019_cmjn_avecdate_fondcouleur-e1560791237851.pngA l’occasion de la semaine pour la QVT, AD CONSEIL donne la parole aux acteurs de terrain engagés en faveur de la QVT. 

Emilie BURGUET est Chargée de mission Qualité, Sécurité et Développement au sein de l’ALSEA.

L’ALSEA (Association Limousine de Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte) a pour but la sauvegarde de l’enfant, de l’adolescent et des adultes inadaptés sous quelque forme que ce soit. Son action s’adresse également aux familles de ces personnes. Plus de 2000 personnes sont accompagnées chaque année.

L’ALSEA comprend 9 établissements et services, où travaillent plus de 200 professionnels. L’association déploie depuis plusieurs mois une démarche QVT intégrative et portée par des compétences internes et Emilie BURGUET a accepté de partager son retour d’expérience sur les conditions de mise en place d’une démarche QVT, sur les leviers et bonne pratiques mais aussi sur les écueils possibles.

Le Blog QVT : Quel est votre rôle dans la démarche QVT et quels acteurs ont été associés ?

E. B. : Dans le cadre de la démarche, je suis pilote du projet. Désignée par la gouvernance de l’association à ma prise de poste, mon rôle est d’impulser et d’animer la démarche. Ma connaissance du travail et du fonctionnement des services et établissements, mon expérience en gestion de projet et en communication sont des atouts pour conduire ma mission et être reconnue par tous les acteurs.

Une bonne pratique est à souligner : la désignation d’une co-pilote, en l’occurrence la Directrice du service des Tutelles, avec laquelle  j’échange de manière privilégiée sur le déroulement de la démarche. La co-pilote, à travers sa connaissance du terrain, ses compétences et sa motivation, m’appuie dans le pilotage et la communication et fait le lien avec ses propres interlocuteurs.

Le Blog QVT : Quelles étapes avez-vous déjà réalisé ? Pouvez-vous nous en préciser les modalités ?

E. B. : La première étape de cadrage de la démarche a conditionné largement le résultat de la suite du processus.

Les conditions de mise en place de la démarche sont essentielles pour assurer l’implication et d’adhésion des acteurs. La création d’une instance de pilotage (COPIL) est une des premières conditions.

Dans notre cas, l’instance est composée des 2 pilotes, d’une vingtaine de salariés volontaires des services et d’un représentant du CSE. L’inspection du travail et la médecine du travail sont également invitées à se joindre à chaque COPIL. Les missions principales du COPIL sont de cadrer et piloter la démarche, de réaliser l’évaluation de la QVT et d’élaborer le plan d’actions d’amélioration des pratiques favorisant la QVT.

Les salariés membres du COPIL communiquent au sein de leurs services et je fais l’interface auprès du Conseil d’Administration, des cadres de Direction et du CSE. Les orientations sont validées par la gouvernance. Les remontées auprès du CSE sont particulièrement importantes car une démarche QVT doit être soutenue par un dialogue social de qualité. Par ailleurs, l’inspection du travail a pu aussi nous apporter des éléments de construction de la démarche.

Le Blog QVT : Quelle est la prochaine étape de la démarche ?

E. B. : La prochaine étape de la démarche consistera en l’évaluation en interne des pratiques favorisant la QVT. L’évaluation, conduite de façon participative par un binôme issu du COPIL, impliquera 140 salariés au total, au travers de groupes transverses ou intra services.

Une réflexion est en cours sur la constitution des groupes et sur l’accompagnement des binômes « animateurs » pour se sentir à l’aise dans l’animation des groupes.

Le Blog QVT : Quels conseils donneriez-vous aux entités qui initient une démarche intégrative de la QVT ? Quels sont les leviers ?

E. B. : J’identifie quatre principaux leviers.

Le premier prérequis indispensable avant de se lancer dans une démarche, est l’engagement de la gouvernance. A l’ALSEA, elle soutient d’une part les pilotes de la démarche QVT et manifeste par ailleurs son fort intérêt d’écouter les besoins des salariés. C’est un prérequis important pour la dynamique au sein de la structure.

La formation des membres du COPIL est un second levier essentiel. Elle leur permet de disposer de connaissances sur la QVT et d’un référentiel commun pour conduire la démarche.

Le fait de disposer d’une grille de lecture stable et consensuelle de la QVT favorise un dialogue constructif tout au long de la démarche.

Le fait de disposer d’une grille de lecture stable et consensuelle de la QVT favorise un dialogue constructif tout au long de la démarche. Quant aux deux pilotes, elles ont suivi un parcours de formation sur plusieurs mois proposé par Unifaf Nouvelle Aquitaine et animé par AD Conseil. Ce parcours de formation a permis un apport méthodologique « pas à pas », la montée en compétence progressive en lien avec les actions concrètes sur le terrain et la possibilité d’échanger régulièrement avec un tiers externe et/ou des pairs.

Je conseille également de bien préciser dès le départ rôle du COPIL dans la démarche et de préciser les prérogatives et les limites des missions de chacun de ses membres. Je préconise également de poser des règles de fonctionnement au sein du COPIL (fréquence des réunions, cadre déontologique, etc.) pour assurer un travail serein et efficace.

De plus, un engagement de 3 ans a été pris par membres du COPIL, afin de garantir une stabilité du groupe et la possibilité de déployer la démarche dans un temps réaliste et adapté.

La communication auprès de l’ensemble du personnel est le dernier levier, mais pas le moindre. Il s’agit d’apporter à tous une base de connaissances communes sur la QVT, mais aussi d’informer régulièrement sur les objectifs de la démarche et son déroulement. Cela permet de créer un climat de confiance pour assurer la mobilisation des personnels qui seront amenés à s’exprimer et à participer.

Cette communication est à adapter aux modes habituels d’information de la structure. Elle se fera évidemment tout au long de l’avancée de la démarche. Dans notre cas, le COPIL a fait le choix de combiner plusieurs méthodes de communication : écrite (via par exemple le bulletin d’information associatif destiné aux salariés) et orale (par les membres du COPIL sur leur service/établissement respectif lors des réunions).

Le Blog QVT : Quels sont les écueils possibles d’après votre expérience ?

E. B. : Le premier point de vigilance réside dans la bonne adaptation de la démarche et des outils au contexte. Si la démarche est conduite selon des grandes étapes, les actions à entreprendre et les outils à mobiliser pourront eux varier selon les contextes. En effet, les acteurs du COPIL QVT de l’ALSEA, porteurs de la démarche ont adapté leurs outils. Cela permet d’une part une appropriation de la méthodologie par les acteurs mais aussi une de garantir la pertinence des outils par rapport au contexte de la structure ainsi que leur caractère intelligible aux yeux des salariés.

Cette adaptation est un temps à prévoir dès la phase de cadrage.

Le deuxième point de vigilance consiste à ne pas hésiter à faire des « piqûre de rappel » en communiquant régulièrement. Dans le cas  de l’ALSEA, la grille de lecture de la QVT a dû être partagée à plusieurs reprises avant que le niveau d’appropriation collectif soit satisfaisant.

La mobilisation de l’encadrement est également un enjeu clé.

Dans la mesure où l’évaluation interne de la QVT peut amener à questionner les pratiques managériales, il est en contrepartie important d’écouter les managers et de prendre en considération leurs contraintes et propositions.

Dans la mesure où l’évaluation interne de la QVT peut amener à questionner les pratiques managériales, il est en contrepartie important d’écouter les managers et de prendre en considération leurs contraintes et propositions.

Le Blog QVT : Un mot pour conclure votre témoignage ?

E. B. : Je propose deux mots qui me paraissent essentiels que  j’ai entendus lors d’une rencontre au niveau national : la démarche QVT réclame « modestie et pragmatisme » : la démarche doit s’ancrer dans la durée et les effets se manifesteront également sur la durée. Il s’agit petit à petit de déployer des actions à la fois en termes de méthode et en termes de pratiques concrètes, où les bénéfices rayonneront également petit à petit. C’est un travail en revanche en profondeur qui conduit à un co-développement durable de la QVT et de la performance.

 

Photo by Perry Grone on Unsplash

 

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