Nous sommes fiers de vous annoncer la publication de notre article dans la revue “Journal of Vocational Behavior”. Dans cette étude, nous explorions les effets à trois mois du climat de sécurité psychosociale.
Nous vous avons déjà parlé du climat de sécurité psychosociale, qui renvoie aux perceptions qu’ont les professionnels quant aux politiques, pratiques et procédures, existant au sein de l’organisation qui les emploie, en faveur de la protection de la santé et de la sécurité psychologique des travailleurs.
Plus précisément, le climat de sécurité psychosociale reflète (1) un engagement de l’encadrement dans la prévention du stress au travail et la promotion de la santé psychologique des salariés, (2) une position managériale communiquant la priorité donnée à la santé et à la sécurité psychologique des travailleurs, (3) des systèmes de communication ascendante relatifs au contrôle des risques psychosociaux, et (4) une implication et une participation de tous les niveaux de l’organisation dans les mesures préventives.
Quid des travailleurs français ?
Si de nombreuses études ont exploré les effets de cette forme spécifique de climat chez des professionnels australiens, malaisiens ou encore néerlandais, aucune étude ne s’est cependant penchée sur ses effets en contexte français. Pourtant, des statistiques suggèrent que la France est parmi les pays européens ayant les niveaux les plus bas de climat de sécurité psychosociale, se classant 22ème sur 31 (classement incluant les 28 pays membres de l’Union Européenne ainsi que la Croatie, la Turquie et la Norvège). La marge de progression apparaît importante et renforce l’intérêt de prendre en considération cette dimension.
Nous avons donc souhaiter contribuer à développer les connaissances quant aux effets du climat de sécurité psychosociale chez les professionnels français. Plus précisément, notre étude menée en partenariat avec l’association OETH et l’Université de Tours visait à explorer précisément les effets du climat de sécurité psychosociale dans le secteur sanitaire, social, et médico-social de droit privé à but non lucratif. Nous avons ainsi interrogé plusieurs centaines d’infirmier.e.s, aides-soignant.e.s, et aides médico-psychologique. Et les résultats ont révélé des conclusions prometteuses !
Résultats de notre étude
En bref, nos résultats suggèrent qu’en mettant l’accent sur le climat de sécurité psychosociale, il est possible de diminuer le burnout, le conflit travail-famille, et les intentions de turnover des professionnels trois mois plus tard. Plus précisément, nos résultats ont démontré que c’est parce qu’il diminue la frustration des besoins psychologiques des travailleurs que le climat de sécurité permet de réduire ces conséquences néfastes (burnout, conflit travail-famille, intentions de quitter l’employeur) tant pour les professionnels que pour les organisations qui les emploient.
Autrement dit, en mettant l’accent sur la protection de la santé psychologique de ses employés à un moment donné, une organisation pourrait observer les effets bénéfiques de cette stratégie seulement trois mois plus tard.
Quelques implications pratiques
Cette étude a permis d’identifier un véritable levier (le climat de sécurité psychosociale) pour les praticiens et les organisations du secteur souhaitant promouvoir la qualité de vie au travail. Si les employeurs ont aujourd’hui bien intégré la nécessité d’un système de management de la santé physique, la prise en considération de la dimension psychosociale de la santé et de la sécurité rendue possible au travers de l’évaluation et de l’amélioration du climat de sécurité psychosociale permet de dépasser cette seule protection de la santé et de la sécurité physique. Ainsi, les employeurs peuvent-ils concrétiser de nouvelles politiques et pratiques en faveur de la santé psychologique des travailleurs.
La prise en compte du climat de sécurité psychosociale implique également la nécessité de dépasser les simples déclarations d’intention lorsqu’il s’agit de protéger la santé psychologique des professionnels. En effet, si la loi oblige les employeurs à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs (loi du 31 décembre 1991) et précise leur responsabilité dans la prévention de la santé physique et mentale des salariés de leur structure (loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002), la mise en pratique de ces obligations demeure complexe.
Ainsi, la prise en compte du climat de sécurité psychosociale implique même probablement une véritable révolution culturelle au sein de certaines organisations. En effet, pour une partie d’entre elles, la protection de la santé psychologique constitue aujourd’hui essentiellement une contrainte législative à laquelle les gouvernances souscrivent a minima. Or, ces dernières gagneraient à intégrer que leur soutien et leur engagement constituent un pré-requis essentiel à la diffusion et à l’adoption de valeurs et d’une philosophie de prévention et permet d’agir, dans un délai relativement court, sur des enjeux forts pour leurs structures.
Pour accéder à la publication intégrale >> https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S000187911830040X
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