La santé des travailleurs constitue, par les coûts qu’elle génère, un véritable enjeu pour les organisations du travail (temps de travail perdu, interruption de la production, dépenses médicales). Les travailleurs dont la santé est altérée sont en effet susceptibles de développer des comportements inadaptés (comportements contre productifs, retrait vis-à-vis de l’activité) engendrant des conséquences indésirables pour les entreprises en termes notamment d’absentéisme et de rotation du personnel, mais aussi de baisse de productivité et de perte de compétitivité. À titre d’exemple, l’absentéisme, le turnover, les déclarations d’inaptitudes, ou encore les frais de compensation des travailleurs représenteraient plus de 50% des dépenses associées à une mauvaise santé des salariés.
Quelques chiffres
Plus généralement, ces coûts liés à l’altération de la santé au travail représenteraient une perte totale de 1,8 à 6% du Produit Intérieur Brut (PIB) des pays développés au niveau international. En Europe, la santé psychologique au travail à elle seule serait la source de 50 à 60% des journées de travail perdues et les problèmes de santé psychologique absorberaient en moyenne 3 à 4% du PIB des pays de l’Union Européenne. En France, les seuls montants associés à la santé psychologique au travail étaient estimés en 2000 entre 1,8 et 2,6 milliards d’euros. Plus récemment, en 2007, la totalité des coûts associés aux maladies cardio-vasculaires, aux troubles psychologiques et musculo-squelettiques attribuables au travail étaient quant à elle estimée entre 1,9 et 3 milliards d’euros.
Agir pour enrayer ces coûts
Aussi, rappelant que « le maintien des travailleurs en bonne santé a des effets directs et mesurables sur la productivité et contribue en outre à une plus grande viabilité des systèmes de sécurité sociale », la Commission Européenne a-t-elle proposé un cadre stratégique en matière de santé et de sécurité au travail, pour la période 2014-2020, mettant l’accent sur la qualité de l’emploi. Ce plan européen se décline en France à travers la mise en œuvre du troisième Plan Santé au Travail (PST3) qui propose d’adopter une approche promouvant le travail comme un facteur de meilleure santé pour les personnes et de performance accrue pour les entreprises. Dans cette optique, le PST3 fait de la qualité de vie au travail un objet stratégique dont l’État français souhaite favoriser la mise en œuvre.
Agir pour engendrer des bénéfices
En effet, au-delà de limiter les coûts associés au mal-être des travailleurs, les investissements dans la qualité de vie au travail s’avèrent rentables et peuvent générer des bénéfices économiques directs (i.e., prévention des accidents professionnels et des coûts associés) ou indirects (i.e., amélioration de l’image de marque de l’organisation et augmentation des bénéfices associés). A titre d’exemple, un certain nombre d’études américaines, menées auprès de nombreuses et diverses entreprises, ont démontré que pour 1 dollar investi dans des interventions en faveur de la santé de leurs travailleurs, les entreprises bénéficiaient d’un retour sur investissement moyen de 5 dollars. Aussi les démarches en faveur de la qualité de vie au travail peuvent-elles, en améliorant la santé des travailleurs, non seulement économiser des coûts mais aussi engendrer des bénéfices, en bref augmenter le bien-être des individus et ainsi la performance des structures qui les emploient.
Quelques références
Béjean & Sultan-Taieb, 2005
Chapman, 2005
Eurofound, 2000
Gabriel & Liimatainen, 2000
Goetzel & Ozminkowski, 1999
Goetzel & Ozminkowski, 2008
Trontin, Lassagne, Boini, & Rinal, 2010
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