Chaque mois, nous valorisons les contributions de nos consultants. Aujourd’hui c’est un consultant expert des démarches d’amélioration de la qualité de vie au travail qui nous parle de certains effets du stress.
L’article L4121-1 du code du travail stipule que « l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». Lors des formations que nous animons, la question de l’impact réel du stress sur les individus surgit de façon régulière : des stagiaires nous demandant si le stress peut vraiment générer des troubles physiques importants ou s’il n’est pas intéressant de soumettre les travailleurs à une tension soutenue pour améliorer la productivité ou la qualité d’un service, quitte à les mettre dans des situations parfois génératrices de stress.
Impact physiologique du stress chronique
Rappelons tout d’abord que le stress est un mécanisme physiologique qui se déclenche spontanément lorsqu’un individu considère qu’il doit faire face à une situation ou à une tâche lui semblant exiger des compétences et ressources supérieures à celles dont il pense disposer. Cette réponse de défense naturelle mobilise fortement l’organisme et peut si elle se prolonge dans le temps -ce qui est appelé le stress chronique- générer des troubles physiologiques et psychosomatiques.
Une étude* publiée en juin 2018 confirme l’impact négatif du stress chronique sur l’état de santé. Elle s’appuie sur 30 ans de données issues de différentes bases de données suédoises et portant sur l’évolution de l’état de santé de plus de 100 000 personnes. Cette étude met en évidence une corrélation positive entre le fait d’être atteint de troubles de stress et le fait de développer des maladies auto-immunes comme le diabète, la maladie de Crohn, ou la polyarthrite rhumatoïde.
Ces conclusions démontrent une fois de plus que le stress chronique est un facteur générateur de troubles de santé, et qu’il est par conséquent incontournable pour les organisations du travail de prendre en considération les causes potentielles du stress dans leur fonctionnement et dans la définition de l’activité des personnes qu’elles emploient.
Impact cognitif de l’anticipation de situations de stress
Comme nous venons de le rappeler, le stress est une affaire de perception de la situation par les individus : une personne peut ressentir du stress par rapport à une situation qu’elle est -objectivement- tout à fait en mesure de gérer et inversement elle peut ne pas ressentir de stress face à une situation qui -tout aussi objectivement- la dépasse totalement, pour peu qu’elle n’ait pas conscience de son incapacité à y faire face.
Une deuxième étude** récemment publiée met en lumière un certain effet de prophétie auto-réalisatrice (faire inconsciemment en sorte que ce que l’on pensait devoir arriver se réalise effectivement) lié au stress anticipé par les individus : des sujets ont dû évaluer chaque matin s’ils envisageaient la journée qu’ils s’apprêtaient à passer comme plus moins stressante. Pas la suite, au fil de la journée il leur a été régulièrement demandé d’indiquer le niveau de stress qu’ils ressentaient et de réaliser, dans la foulée, des tâches évaluant leur mémoire de travail. Enfin, le soir, ils devaient évaluer à nouveau s’ils pensaient que la journée suivante serait plus ou moins stressante.
Les conclusions de l’étude ont mis en évidence que plus les personnes anticipaient négativement leur journée le matin même, plus leur mémoire de travail se trouvait diminuée en cours de journée, quel que soit le déroulé de celle-ci. L’étude ne démontre cependant pas de corrélation entre l’anticipation de la veille et les performances de la mémoire de travail le jour suivant.
Autrement dit, s’il ne vous sera probablement préjudiciable d’anticiper une journée stressante la veille, en revanche, le matin même, vous aurez tout intérêt à éviter de vous focaliser sur cette expérience potentiellement stressante car cela aurait un effet négatif sur la performance de votre mémoire de travail, donc sur votre capacité à bien organiser et réaliser votre activité. En bref, en appréhendant votre journée comme une journée stressante, vous diminueriez vos chances de réussite et augmenteriez vos chances de réellement passer une journée éprouvante.
Notre conseil du jour sera donc : Don’t worry, be happy ! 🙂
* Association of Stress-Related Disorders With Subsequent Autoimmune Disease
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