Cette semaine, nous avons choisi de relayer cette chronique de France Inter, dans laquelle Dorothée Barba présente le film Sandwich, le nouveau documentaire de Benjamin Carle, réalisé avec Félix Seger et Neels Castillon, diffusé ce soir sur Canal+. Nous avons eu la chance d’assister à la projection du film, voyons ensemble pourquoi il a retenu notre attention.
Alors oui, Sandwich, c’est l’histoire d’un journaliste qui a décidé de produire à 100% son pan bagnat : il y sème son blé, construit son potager, plante ses légumes, pêche (ou presque) son thon, pétrit son pain et ainsi de suite. Mais cette aventure est avant tout un prétexte pour questionner, entre autres, ce qui peut manquer dans le monde du travail pour susciter ce retour au manuel et au faire soi-même.
Tout au long du documentaire, le rapport au travail est en filigrane. Benjamin Carle y rencontre des professionnels qui, sur leur temps libre, tentent de retrouver un peu de l’autonomie et du sentiment de maîtrise qu’ils peuvent avoir en réalisant un projet manuel de A à Z, du sentiment de compétence et de fierté à voir les résultats de ce qu’ils ont produit, et du lien social et des relations qu’ils tissent dans ces communautés d’apprentis manuels ; des besoins qu’ils ne parviennent pas à satisfaire dans leur activité professionnelle. Il y a chez eux comme un entrain presque vital à satisfaire ces besoins fondamentaux d’autonomie, de compétence, et d’appartenance sociale.
Au fil du documentaire, on rencontre également des reconvertis et autres néo-artisans, ces cadres surdiplômés qui reviennent à des métiers de l’artisanat. On y croise le chemin de Jean-Benoît Hugues, qui a quitté son emploi à responsabilités dans le milieu des technologies, il y a vingt ans déjà, pour devenir oliveron dans le sud de la France : il éprouvait « un profond besoin de réparation » dit-il, besoin de se réparer des effets d’un monde professionnel où tout va très vite et où l’on a le sentiment de plus rien maîtriser. On y écoute également l’analyse d’Anne Jourdain, sociologue, qui explique le phénomène des néo-artisans et parle d’une « impression d’incomplétude vis-à-vis du travail réalisé » et le besoin de retrouver du sens au travers d’une activité professionnelle plus tangible. Si tous ces professionnels remarquent une perte de revenus considérable lors de leur transition vers les métiers de l’artisanat, tous semblent dire que le jeu en vaut la chandelle.
Ce documentaire ne parle pas que de travail, certes, mais au travers de belles images, de riches rencontres et d’interviews d’experts de disciplines diverses, Sandwich nous questionne sur notre rapport au travail, sur ce qui motive et ce qui fait sens, sur la réalisation de soi, au travail et hors travail.
Sandwich, mercredi 28 mars à 20h55 sur Canal+
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